Certains –bon, d’accord, Alain X – nous ont demandé ce qu’on devenait. Alors j’ai eu envie de vous donner deux trois nouvelles, juste comme ça…
Lundi, matin de rentrée : youpidooo ! Ou pas, en fait. Parce qu’à 9 heures du mat’, il fait exactement 14 degrés dans les salles de cours. Mme Guêpe se réchauffe en bossant et en doudoune, les gnous encapuchonnés grelottent, vissés sur leurs chaises, et Grand Lion soigne le brushing de son tapis à grand coups de talon aiguille en furie. Faut dire que ça fait 3 ans – 3 ans- qu’Iguane Lentissime, notre inénarrable gestionnaire, nous fait le coup. Soit il oublie d’appeler le chauffagiste, soit il le fait trop tard (oups, y a une fuite ! C’est ballot, on peut pas réparer avant la rentrée ! ), bref, c’est devenu un rituel : juste après le jour des morts, le collège passe en mode glaciation. J’envisage d’acheter un tigre à dents de sabre et de l’enfermer dans son bureau.
Mardi. VLAN !!! Soubresaut de la girafe et du dino qui font volte-face juste à temps pour capter une élève, la main plaquée sur sa joue rougissante. Elle vient de se prendre une baffe d’anthologie de la part de sa voisine. Il faudra 30 secondes pour récupérer le carnet de la voisine… Et approximativement 10 fois plus de temps pour faire comprendre aux deux donzelles qu’elles n’ont pas le droit de se taper dessus comme des chiffonnières. Celle qui vient d’encaisser la baffe soutient mordicus que “Mais si Madame, c’est un jeu !” Chouette ! Je peux jouer, aussi ? Avec Marco-Roploplo, par exemple. Lui, c’est le poing qu’il vient de lever. Ca va être fun.
Mercredi : Iago-Ronald débarque dans la salle de la girafe. Un nouvel élève, rien que de très ordinaire, me direz-vous. Absolument. Ce qui l’est un peu moins, c’est que celui-là ne parle pas un mot de français. Rien, mais alors, rien de rien. Et qu’il devrait donc dépendre d’un dispositif spécialisé qui se trouve dans un autre établissement. Oui, mais ça, c’était avant. Quand l’état français faisait encore semblant de s’occuper un minimum des gamins à besoins particuliers. Aujourd’hui, les dispositifs sont saturés, alors on les met où on peut. Akka dans la classe de la girafe qui va essayer de lui apprendre deux-trois petits trucs. Sans laisser tomber celui-qui-a-un-problème-d’attention, les deux dyslexiques, les deux ou trois très en difficulté… Et accessoirement, tous les autres.
Jeudi : Mme Raouline-Batilda, la maman de Raouline-Batilda, se présente à la Tanière. J’en suis personnellement ravie vu que j’ai dû l’appeler 4 fois et lui laisser 2 messages pour parvenir à ce résultat. La 3ème fois, on m’a raccroché au nez. Pour ma propre santé mentale, je préfère penser que le téléphone s’est ratatiné par terre. Bref, voilà Mme Raouline-Batilda, le plus dur est fait ! Ben en fait, non. Pas si on considère qu’il va falloir 25 minutes pour faire entendre à cette merveille de maternité rayonnante que la dyslexie dont souffre sa rejetonne n’a AUCUN rapport avec la mauvaise volonté (inexistante) de la gamine ou le fait que ses parents se chamaillent tous les 4 matins. Finalement, elle consent du bout des lèvres à reprendre contact avec un spécialiste. A condition qu’on lui donne le numéro du spécialiste, hein, elle a pas que ça à faire. Comment ça, elle l’a déjà ? Pas grave, on le lui redonne. Par contre, non, on appellera pas à sa place. Y a pas à dire, on n’est vraiment pas cool.
Vendredi : 8 heures et un début en fanfare : plus aucun réseau sur les ordinateurs. Akka : impossible de faire l’appel, d’utiliser les vidéo projecteurs, de bosser sur le film prévu et, cerise sur le gâteau, de joindre quiconque, puisque tout passe par informatique (les portables allumés, c’est un mauvais exemple qui suffit à pervertir la jeunesse de France et de Navarre, c’est bien connu)
Voilà… Reprise sous le signe d’une certaine lassitude….